Les théiers shan du Vietnam

Les théiers shan du Vietnam

Tout au nord du Vietnam, dans la région montagneuse à la frontière avec la Chine, poussent des théiers uniques : les théiers shan ou shan tuyết (leur nom vietnamien). Cette zone fait partie du “triangle d’or”, c’est-à-dire la zone du berceau du thé.

Caractéristiques des théiers shan ou shan tuyết.

Shan signifie montagne et tuyết neige, en référence au fin duvet argenté qui recouvre les grands bourgeons des théiers. Contrairement aux plantations de thé, ces arbres ne sont pas des buissons. Ils sont grands, sauvages et anciens (de 150 à 400 ans). Ils poussent naturellement dans cette région parmi les plus isolées du pays, en altitude (entre 1000 et 1700m). Le sol est riche et bien équilibré. Il n’y a ni pesticide, ni engrais. Fougères, buissons, rizières composent le paysage. Les théiers shan sont des cousins germains des théiers à grandes feuilles du Yunnan (comme le cultivar Da Ye Zhong Cha considéré comme un des théiers originels). 

L’environnement alterne passages brumeux, nuits fraîches et journées ensoleillées, propice à la concentration des arômes dans les jeunes pousses. Préservés de la pollution des villes, ces jardins de thé d’altitude font penser à des vergers. Au sein des montagnes rocheuses, la biodiversité y est exceptionnelle.

Les théiers sont taillés au fil des siècles comme des arbres fruitiers. Certains sont plusieurs fois centenaires. Ils déploient leurs feuilles au sommet d’un tronc noueux de plus de vingt centimètres de diamètre, sur lequel les cueilleuses et les cueilleurs grimpent. 

Un savoir-faire des peuples Dzao, Hmong et Tay.

Parmi les 54 ethnies que compte le Vietnam, ce sont les populations Dzao, Hmong et Tay qui entretiennent ces arbres avec un soin immense, considérés comme un véritable patrimoine familial. Ces théiers sauvages sont difficiles à localiser dans les montagnes. Seuls les cueilleurs de ces ethnies savent les repérer. Certains d’entre eux transforment les feuilles eux-mêmes, d’autres les vendent à des coopératives qui se chargeront de la transformation.

Les producteurs locaux sont organisés en coopérative. Leur but est de promouvoir le thé de la zone pour favoriser le développement de la région, isolée et parmi les plus pauvres du pays. Toute la production est effectuée manuellement, de la cueillette jusqu’à la transformation des bourgeons et des feuilles. On produit les six couleurs de thé : thé vert, jaune, blanc, wulong, noir et sombre.

Depuis 2019, il existe une marque déposée pour protéger ce patrimoine vietnamien ancien.