La matière des accessoires pour le thé

On trouve dans le commerce toute une sélection d’accessoires pour le thé : théière, tasses, mugs, bols, zhong (ou gaiwan, bol à couvercle), filtres…

Et chaque ustensile, notamment pour infuser, se décline dans plusieurs matières. Il est vrai que chaque thé se doit d’être préparé dans le récipient qui convient :

  • le matériau adapté : terre cuite (Yixing), fonte, verre, ou porcelaine
  • la taille adéquate pour la quantité de thé à infuser et le nombre de tasses souhaitées. Une théière sera néfaste à l’infusion si, trop grande, elle laisse un espace d’air froid. La tasse quant à elle se doit d’être en harmonie avec la théière par sa dimension, sa forme, son style et sa matière.

La porcelaine.
Elle représente la matière la plus noble pour la préparation du thé. Elle peut convenir à tous les types de thés. Dès les premières importations vers l’Europe, elle a accompagné les voyages du thé. Sa fabrication lui donne une nature non poreuse qui respecte la pureté du parfum et des arômes de l’infusion. Sa finesse et la douceur de son contact sont idéaux pour le choix des tasses.

Le verre.
Bien que le verre ne représente pas une tradition, il peut être utilisé pour la préparation des thés façonnés (fleurs de thé). Il permettra ainsi de profiter pleinement de l’épanouissement des bouquets. Le verre peut être aussi utilisé pour infuser des thés qui ne nécessitent pas un eau très chaude (thé vert par exemple). Car le verre laisse échapper la chaleur de l’eau rapidement. Elle refroidira plutôt vite.

La fonte.
On utilisait traditionnellement la fonte au Japon pour la fabrication de bouilloires dans lesquelles on faisait chauffer l’eau pour le thé. Son évolution, en tant que théière, a engendré toute une production d’esthétique remarquable. Si ce matériau éteint la nature délicate des grands thés (blancs, jaunes, verts, wulong), on peut toutefois l’utiliser pour les thés noirs et les thés aromatisés.

La terre cuite / Yixing.
La terre constitue un excellent matériau pour la préparation du thé, mais il est impératif de réserver sa théière exclusivement pour le même type de thé car elle conserve les arômes. La ville de Yixing, proche de Shanghaï, dans la province du Jiangsu, représente le joyau de l’art de la poterie chinoise. C’est sous la dynastie des Song (960-1280) que débuta la fabrication des théières. Mais elle connut son apogée, sous les Ming, avec l’évolution de la préparation du thé en feuilles infusées.
Sa production originale est réputée non seulement en Chine, mais dans le monde entier, aussi bien pour ses qualités pratiques que pour sa valeur artistique. Bien qu’il existe plusieurs couleurs d’argiles, on lui attribue l’appellation générique de “grès pourpre” à cause de la teinte que prend l’argile à la cuisson.
La terre extraite des collines toutes proches est particulièrement sablonneuse et contient un taux important de fer. Elle est d’autre part d’une remarquable plasticité. La fabrication de théières représente la majeure partie de la production.
Elles sont très prisées par les connaisseurs de thé qui les considèrent comme idéales pour les raisons suivantes : elles n’altèrent ni la couleur du thé, ni son parfum elles supportent de recevoir une eau très chaude, sans risque de casse leur nature poreuse est bénéfique au développement des arômes du thé plus on les utilise, plus elles s’embellissent : leur texture devient lustrée comme des perles ou du jade La diversité des formes, due à la richesse de la création des artisans et artistes, en a fait un objet de collection. Bien que ces théières en argile puissent être utilisées pour la préparation de divers thés, elles sont plutôt dédiées à la préparation des thés wulong, parce qu’elles exhalent à la perfection la puissance de leurs arômes.
C’est la raison pour laquelle la majorité d’entre elles sont de petite taille puisqu’elles sont destinées à être utilisées dans l’Art du Thé, selon les règles du Gong Fu Cha (préparation des plus hautes qualités de thés wulong). Les plus grandes théières ont la fonction de bouilloire. Pour les mêmes raisons, ces théières sont aussi appropriées à la préparation des thés Pu’Er de qualité. Puisque leur porosité conserve les arômes de manière intense, il est impératif de leur attribuer la préparation d’un seul type de thé.
D’autre part, tout usage de produit nettoyant est donc à proscrire : il suffit de rincer la théière à l’eau claire après usage. Les amateurs de thé en Chine n’économisent ni leur temps, ni leur argent pour choisir une théière Yixing. Il existe toutes sortes de qualités : les prix varient en fonction de la qualité de l’argile et de la fabrication.
Certaines pièces portant la signature d’artistes renommés atteignent des sommes vertigineuses. Un conseil pour choisir votre théière Yixing : pour s’assurer de sa bonne qualité, on conseille d’écouter attentivement le son produit en tapant le couvercle sur l’anse. La note doit être claire comme s’il s’agissait de métal.

Le zhong (ou tasse à couvercle).
Cet objet typiquement chinois est destiné à la préparation des thés blancs, jaunes et verts. Il évite l’usage d’une théière et permet une préparation individuelle du thé. De plus, il met en valeur tous les critères de dégustation du thé. Il est composé de trois éléments : une sous-tasse pour éviter le contact trop chaud avec la tasse le corps de la tasse dans lequel on prépare l’infusion le couvercle qui permet au thé d’être infusé dans le bol et aussi de bloquer les feuilles lorsque l’on boit Grâce à sa dimension restreinte, les thés préparés ne risquent pas de trop infuser. En ajoutant plus ou moins d’eau chaude sur les feuilles, on pourra profiter de plusieurs infusions successives, et ajuster le goût du thé selon le souhait de chacun.

Gong fu cha

Le Gong Fu Cha

Le thé Gong Fu est la préparation traditionnelle des hautes qualités de thés wulong ou de thés pu’er en Chine ainsi qu’à Taïwan où il représente un moment de détente convivial entre amis.

Il est considéré comme la meilleure méthode pour faire valoir tout l’arôme, le parfum et la couleur du thé wulong ou du thé pu’er.

Le mode de préparation est simple :

  1. Remplir la théière de Yixing (terre cuite) avec les feuilles de thé : de un tiers à la moitié.
  2. Ajouter l’eau bouillante dans la théière, en la faisant déborder, pour laver les feuilles de thé.
  3. Puis verser aussitôt cette première infusion dans les tasses pour les réchauffer.
  4. Remplir à nouveau la théière d’eau.
  5. Supprimer les bulles sur la théière à l’aide de son couvercle.
  6. Laisser le couvercle en place et verser l’eau chaude sur les parois externes de la théière, afin de maintenir la température du thé.
  7. Vider les tasses de l’infusion qu’elles contiennent.
  8. Laisser le thé infuser moins d’une minute.
  9. Servir le thé dans les tasses.

On peut renouveler cette infusion de nombreuses fois.

Le thé ainsi préparé peut surprendre par sa force. Il doit être savouré, lentement, comme une liqueur.

Il est intéressant de s’y essayer et d’y goûter. Ce rituel ouvre les portes sur de vastes horizons du thé.

La préparation du thé

Pour bien réussir votre infusion, la préparation du thé est aisée si l’on respecte quatre points très simples :

  • La qualité de l’eau
  • La température de l’eau
  • Le dosage du thé
  • Le temps d’infusion

La qualité de l’eau.

« L’eau est la mère du thé » disaient les Anciens. « Un bon thé atteint la perfection lorsqu’il est préparé avec de l’eau d’une source proche du jardin où il pousse ». Le Long Jing est toujours associé aux toutes proches « Source creusée par les Tigres » et « Puits du Dragon ». Il existe néanmoins deux moyens simples pour assurer une eau de qualité pour le thé : utiliser soit une eau de source (la plus pure possible, très peu minéralisée), soit une eau filtrée. Les eaux minérales sont déconseillées car le goût plus ou moins typé teinte celui du thé.

La température de l’eau.

Il convient d’utiliser une eau frémissante et non bouillante, qui brûlerait les bourgeons et les feuilles du thé, les privant ainsi de libérer leur arôme. Des consignes de température, variables selon les catégories de thé, vous sont données systématiquement. L’eau est à verser lentement sur les feuilles.

Le dosage.

En général, on parle d’une cuillère à café (environ 2 grammes) par tasse de thé. Le dosage doit être adapté à la taille des feuilles. Certaines feuilles sont volumineuses et légères, elles demandent ainsi un dosage plus fort pour libérer complètement les arômes et les parfums, comme c’est le cas pour le Bai Mu Dan, certains thés verts et de nombreux thés wulong. Un thé de qualité supporte d’être infusé au moins trois fois de suite. A l’inverse, les thés en feuilles brisées doivent être dosés avec parcimonie car elles donnent une infusion beaucoup plus corsée.

Le temps d’infusion.

Il convient toujours de ne pas prolonger l’infusion au-delà de quelques minutes. Une macération trop longue des feuilles et bourgeons de thé est nuisible à la qualité de l’infusion. Nous conseillons de doser plus fortement en feuilles que d’augmenter le temps de l’infusion. Un temps d’infusion trop court risque de donner un résultat décevant gustativement parlant. Pour les thés noirs, une infusion courte donnera un thé clair mais fortement théiné : la théine se libère d’abord, puis le développement du tanin vient équilibrer l’infusion. Des consignes sur le temps d’infusion vous sont données pour chaque thé, variables selon les différentes familles, que l’on peut légèrement augmenter ou réduire selon son goût personnel.

Voici un récapitulatif pour s’aider, qu’il convient ensuite de s’approprier selon ses goûts :

  Température de l’eau Temps de l’infusion Accessoires
Thés jaunes 80°C 2-4 min Zhong porcelaine
Thés blancs 80°C – 90°C 2-4 min Zhong porcelaine
Thés verts Chine 85°C 2-4 min Zhong/théière porcelaine
Thés verts Japon 70°C 1 min Théière porcelaine
Thés verts au jasmin 85°C 2 min Zhong/théière porcelaine
Thés wulong d’exception 95°C 1 min Gong Fu/terre de Yixing
Thés wulong Chine/Taiwan 95°C 3-4 min Théière/terre de Yixing
Thés noirs Ceylan (Sri Lanka) 90°C 4 min Théière porcelaine
Thés noirs Chine 90°C 3-4 min Théière porcelaine
Thés pu’er Chine 100°C 1 min Petite théière/terre de Yixing
Thés noirs Darjeeling/Assam 90°C 3 min Théière porcelaine
Thés parfumés mélanges anglais 90°C 4 min Théière fonte ou porcelaine
Thés parfumés Earl Grey/goût russe 90°C 4 min Théière fonte ou porcelaine
Thés noirs parfumés 90°C 4 min Théière fonte ou porcelaine
Thés verts parfumés 85°C 2 min Théière fonte ou porcelaine
Thés wulong parfumés 95°C 5 min Théière fonte ou porcelaine
Rooibos 90°C 4 min Théière porcelaine
Tisanes 95°C 5 min Théière porcelaine

Les grades des thés noirs

Pour les thés jaunes, blancs, verts et wulong, qui sont souvent des thés chinois, le grade ne se précise pas puisque la feuille est généralement entière. Il en est de même pour une grande partie des thés noirs de Chine dont le nom est assez évocateur pour permettre d’en appréhender la qualité. Les noms des thés chinois font référence à leur lieu d’origine ou à leur qualité. Pour les autres thés noirs, le grade est important puisqu’il donne deux indications : la finesse de la cueillette et la taille des feuilles (entières, brisées ou broyées).

Dans les grades des thés, le mot « orange » n’a aucun rapport avec l’agrume du même nom. Il signifie « royal », du nom de la dynastie néerlandaise Oranje Nassau. Quant au mot Pekoe, il vient du mot chinois Pak-ho, signifiant « duvet » ou « cheveu », et désigne le bourgeon terminal, qui donne une impression de duvet blanc, lorsqu’il n’est pas totalement ouvert.

Feuilles entières :

  • F.O.P. Flowery Orange Pekoe : il s’agit de la cueillette la plus fine. Elle est composée du bourgeon terminal et des deux feuilles suivantes. Le thé contient beaucoup de bourgeons, devenus dorés avec la fermentation, que l’on appelle parfois golden tips.
  • O.P. Orange Pekoe : il s’agit de feuilles jeunes et bien enroulées. La cueillette est fine mais un peu plus tardive que la précédente : ici, le bourgeon s’est déjà transformé en feuille.
  • P. Pekoe : la feuille est moins fine que dans un O.P. et ne contient pas de bourgeon.
  • S. Souchong : la feuille est basse, large, plus âgée et très faible en théine, souvent roulée dans le sens de la longueur et surtout utilisée pour les thés fumés.

Feuilles brisées :

La feuille n’est plus entière et beaucoup plus petite que dans l’O.P. L’infusion donne une liqueur beaucoup plus corsée et plus foncée.

  • B.O.P. Broken Orange Pekoe
  • F.B.O.P. Flowery B.O.P.
  • G.B.O.P. Golden B.O.P.
  • T.G.B.O.P. Tippy Golden B.O.P.

Feuilles broyées :

  • Fannings : morceaux plats plus petits que le Broken. L’infusion est très corsée et très colorée.
  • Dust (« poussière ») : feuilles encore plus broyées, uniquement utilisées pour les thés en sachet.

 

Les grades des thés indiens :

En Inde du Nord, la description de la cueillette est plus poussée et donne une indication qualitative bien plus pertinente que pour les autres pays.

  • G.F.O.P. Golden Flowery Orange Pekoe : F.O.P. dont la proportion de bourgeons est importante.
  • T.G.F.O.P. Tippy Golden Flowery Orange Pekoe : F.O.P. contenant beaucoup de bourgeons dorés.
  • F.T.G.F.O.P. Finest Tippy Golden Flowery Orange Pekoe : F.O.P. de qualité remarquable.
  • S.F.T.G.F.O.P. Special Finest Tippy Golden Flowery Orange Pekoe : F.O.P. de qualité tout à fait exceptionnelle. Grade réservé normalement aux meilleurs Darjeeling de printemps.

Un chiffre est parfois ajouté à la fin du grade pour qualifier, non plus la finesse de la cueillette, mais la qualité gustative du thé obtenu.

PÀO CHÁ vous explique les effets et propriétés du thé sur la santé

Les effets et propriétés du thé

L’intérêt pour les effets et propriétés du thé en matière de santé est notable, et ceci depuis sa découverte par l’empereur Shennong qui testa sur lui-même ses propriétés. On lui attribue l’introduction de la médecine, de l’acupuncture et de la phytothérapie ; il développa également l’agriculture. Il fut l’auteur du Traité des Plantes Médicinales, l’un des fondements de la médecine chinoise traditionnelle. C’est dans ce cadre qu’il étudia les végétaux et les vertus curatives des plantes pour analyser leurs effets sur sa personne. Il put constater que le thé avait le pouvoir de désintoxiquer de nombreux poisons. D’innombrables ouvrages de médecine chinoise ont toujours conseillé son utilisation pour la santé. Une multitude d’expériences furent conduites pour établir les multiples bienfaits de cette plante qui fut dès lors considérée comme un médicament. Aujourd’hui une meilleure connaissance du thé a permis de mettre en relation les différents thés et les effets. Le thé n’est pas un excitant comme on l’a longtemps présenté en Occident. L’échelle des effets du thé varie selon les différentes familles de thé : du thé noir, stimulant par la théine, aux effets relaxants des thés wulong et blancs. Bien que tous les thés soient diurétiques, c’est le thé wulong qui s’est révélé le plus efficace pour l’élimination, d’après de récentes analyses cliniques. Le thé stimule le système cardio-vasculaire, la digestion, les fonctions hépatiques. Il améliore la vue et favorise l’élimination du cholestérol. Sa consommation régulière protège des maladies cardio-vasculaires et cérébrales. Les propriétés du thé conviennent à tous et à tout âge. Il contient de nombreuses vitamines (A, B, C, notamment pour le thé vert) et des sels minéraux (fluor, potassium…). La catéchine présente dans le thé aide à ralentir le processus du vieillissement (thé vert et thé wulong). Il possède des propriétés anti-oxydantes par l’action des flavonoïdes et une action préventive contre le cancer dans le cadre d’une consommation régulière.

Les 6 familles de thés

Les thés proviennent tous du même arbuste, le Camellia sinensis, qui signifie “camélia chinois”. Il peut atteindre 10-15 mètres de haut mais sa hauteur est limitée par la taille en culture, pour constituer ainsi ce qu’on appelle la table de cueillette (moins d’un mètre). Il existe des théiers à l’état sauvage plusieurs fois centenaires faisant plus de 30 mètres de haut. Le théier pousse sur les sols acides sous climat chaud et humide, de type subtropical. Sous ces latitudes, il peut pousser aussi bien en plaine qu’en altitude (jusqu’à 200 mètres). Cependant, dans les pays producteurs, les plus hautes qualités de thé proviennent des montagnes. L’environnement de rochers, sources, forêts et brume, éloigné des pollutions citadines, apporte les conditions idéales pour obtenir de grands thés. Sur les flancs escarpés des montagnes, les buissons de Camellia sinensis atteignent environ 40 cm.

Le théier fleurit en automne, mais il est assez rare de pouvoir admirer cette jolie petite fleur blanche, à cause de la cueillette des bourgeons. On peut toutefois en trouver sur des théiers sauvages.

On distingue plusieurs formes dans l’espèce, dont les feuilles sont persistantes. Notamment le plan Chine (Camellia sinensis sinensis) avec ses petites feuilles (3-10 cm) rigides et mates, et le plan Assam (Camellia sinensis assamica) qui lui est originaire de Chine et du sous-continent indien avec des feuilles plus grandes (jusqu’à 20 cm), à texture assez épaisse. Généralement reproduit par bouturage, le théier commence à produire à partir de cinq ans. En Inde, les plants sont renouvelés avant d’atteindre cent ans, alors qu’en Chine, ils peuvent continuer à produire pendant plusieurs siècles. Les meilleures parcelles qui produisent le fameux thé vert Long Jing sont plantées de théiers âgés de plus de quatre cents ans.

Les différents thés sont donc obtenus à partir de la même plante. En traitant différemment les feuilles du Camellia sinensis après la cueillette, on obtient divers types de thés.

Il existe six grandes familles de thés, dont le nom est souvent lié à la couleur de l’infusion ou à celle des feuilles infusées. On peut les classer selon leur taux d’oxydation, c’est-à-dire le phénomène qui entraîne le noircissement des tissus végétaux par l’oxygène. Plus le thé sera oxydé, plus il sera noir :