PU’ER FERMENTÉ SHUANG XI FU DOUBLE LION 1999
Thé pu’er Vietnam – Ha Giang (Tay Con Linh)
100°C – 10 secondes au gong fu cha, puis allonger progressivement (4g pour 10cl) / 3 à 5 minutes en théière
Galette double bonheur double lion de 1999.
Le nord du Vietnam, et en particulier les régions de Lai Chai et de Ha Giang, produisent du thé pu’er (“pho nhi” en vietnamien). On le trouve en vrac, mais aussi compressé en galette et en brique, depuis au moins le début du siècle dernier. Toutefois, cette culture très dynamique durant la première moitié du XXème siècle, a progressivement décliné après l’ère coloniale française, où l’on a privilégié l’exportation d’autres formes de thé, notamment le thé vert.
Cependant, la situation a grandement changé ces 20 dernières années. Avec l’engouement pour le pu’er du Yunnan, le Vietnam redécouvre progressivement la richesse des thés qu’elle a toujours produits dans les montagnes, qui commencent à être appréciés dans tout le pays, et même au-delà. Cent ans plus tard, cela marque le renouveau du pu’er vietnamien. On trouve donc désormais au Vietnam toute une variété de pu’er sheng, provenant de différentes montagnes et provinces.
Comme ce renouveau du pu’er vietnamien est assez récent, et que ces thés sont généralement consommés jeunes, comme d’ailleurs dans le Yunnan où il n’y a pas de culture de la maturation du pu’er (comme on en trouve à Hong Kong, à Canton ou à Taiwan), il est rare de trouver au Vietnam du pu’er fermenté vieilli.
Une galette à l’histoire très intéressante.
Cette galette de 1999 a une histoire particulièrement intéressante qui nous renvoie au début du pu’er moderne. À la fin des années 1990, le monde commence à redécouvrir la richesse des vieux pu’er antiques grâce à Taiwan. Les galettes produites avant 1950 commencent à sortir des stocks des maisons de thé de Hong Kong. Avec l’engouement naissant pour les vieux pu’er, un certain nombre de maisons de thé taïwanaises commencent à faire produire de jeunes pu’er. Mais elles ont pour objectif de reproduire, avec le temps du vieillissement, la magie des thés du passé.
Un homme d’affaires taïwanais, dont la maison de thé s’appelait Shuang Xi Fu Cha Hao, découvre alors à Tay Con Linh de magnifiques vieux théiers. L’endroit se trouve dans la province de Ha Giang, dans les montagnes à 1400m d’altitude. Il décide alors d’y produire du pu’er. Il investit pour créer un atelier dans la maison d’un petit producteur Dzao du village. Son but est de transformer les feuilles de pu’er et de les compresser en galettes. Mais surtout de faire fermenter et vieillir le thé selon une méthode maison tenue secrète. L’homme souhaite retrouver le goût et la magie légendaires des pu’er antiques de l’ère pré communiste (1900-1950). Après plusieurs années d’expérimentation, la production de cette galette débute. Elle sort en 1999 et s’appelle “Shuang Shi Shuang Xi” (双狮双喜, double lion double bonheur).
Après la livraison des premiers lots à Taiwan, l’homme d’affaires disparaît. Peut-être a-t-il fait faillite. Laissant non seulement l’atelier derrière lui, mais aussi un stock de galettes. Le petit producteur qui hébergeait l’atelier chez lui a gardé le thé pendant des années. C’est un journaliste qui a rendu publique l’existence de ce stock. Puis un premier lot de 100 galettes a été racheté par un collectionneur. Et d’autres galettes encore se sont retrouvées sur le marché.
Depuis, ce thé circule chez différents collectionneurs du Vietnam. Je suis heureux de pouvoir vous proposer ce pu’er rare, fermenté selon un méthode artisanale à l’ancienne, de 25 ans d’âge.
Notes de dégustation.
Les feuilles s’expriment dès les premières infusions. Leur caractère est riche et moelleux. Les notes sont boisées. Du bois chaud : encens, résine, santal et réglisse, avec un peu de vanille. On y retrouve également un caractère minéral, du caillou après la pluie (petrichor), avec une belle finale portée sur la minéralité. C’est un thé à la liqueur fluide, qui nous plonge dans l’univers des vieux pu’er, des thés anciens, du stockage hongkongais.
Méthode Gong Fu Cha recommandée : nombreuses infusions possibles de plusieurs secondes chacune en gaiwan/zhong (tasse à couvercle) ou en petite théière en terre cuite (terre de Yixing). Vous pouvez rincer les feuilles avec une première infusion de quelques secondes avant d’infuser pour la dégustation. C’est un thé qui peut supporter des infusions plus longues (1 minute).
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