PU’ER FERMENTÉ ANNÉES 1970
Vieux thé sombre Chine – Yunnan
100°C – de quelques secondes à 1 min
Passé 50 ans (ou 40 ans pour les thés fermentés à leur production), les pu’er rentrent pleinement dans la catégorie des vieux pu’er. Ils développent alors un caractère typique et une profondeur auxquels de plus jeunes thés ne peuvent prétendre. Mais aussi ce que les Chinois appellent “cha qi” (茶气), une émotion profonde et puissante qui empli quiconque les déguste.
Ce sont ces thés de 50 ans d’âge et plus qui, à Taïwan dans les années 1990, ont redonné au pu’er sa noblesse. Ils ont relancé l’intérêt pour cette famille de thé oubliée.
Les grandes galettes des années 1950 et 1960 (Red Mark, Blue Mark, Green Mark) atteignent aujourd’hui des prix faramineux. Elles se vendent aux enchères à plusieurs centaines d’euros le gramme. On trouve cependant encore certains thés plus “abordables” et qui permettent de vivre l’expérience de ces thés précieux.
Un thé qui a voyagé : de la Chine, en passant par Hong Kong, jusqu’à Taïwan.
Voici une brique, produite dans les années 1970, affinée selon la méthode du stockage traditionnel hongkongais. C’est l’un des tout premiers shu cha (熟茶), ou pu’er fermenté chinois. Elle reposait chez un collectionneur taiwanais depuis le début des années 1990. Comme ce fut le destin de nombreux pu’er anciens, ces feuilles de thé ont d’abord voyagé de la Chine à Hong-Kong. Probablement dès leur production dans les années 70. Là, ce thé fut précieusement conservé durant une vingtaine d’années. Il se trouvait parmi de nombreux autres thés pu’er dans le stock d’une maison de thé hongkongaise.
Au milieu des années 90, Taiwan redécouvre la valeur de ces vieux pu’er. Et les portes des stocks de Hong Kong commencent à s’ouvrir. Un collectionneur taiwanais rachètera alors le stock de ces briques. On ne possédait en ce temps que peu d’information concernant les productions de l’ère des usines d’état, toutes habillées à l’identique aux couleurs du parti communiste. Comme ses sœurs, cette brique revêtait alors le “costume” CNNP des productions nationales (China National Native Produce & Animal By-Products Import & Export Corporation). Or, dans le contexte politique des années 1990, embarquer pour Taiwan avec un tel emballage aux couleurs de la Chine continentale, revenait à courir de gros risques et à voir son arrivée sur l’île compromise. Tout le stock fut donc “déshabillé” pour voyager dans des emballages neutres blancs.
Et c’est ainsi que cette brique débarqua à Taiwan où elle passera les 20 dernières années. Après l’humidité des maisons de thé hongkongaises, qui a marqué l’adolescence de ce thé, c’est dans un stockage sec qu’il finira de se poser, de s’équilibrer, de s’assagir et de devenir mature.
Cette brique est de toute beauté. On sent le temps qui a passé. Elle impose le respect. A sa surface, se répartissent les courbes ocres et noires de feuilles ramassées il y a quatre décennies de cela. On remarque tout de suite la variété colorée de ces feuilles allant du brun tabac au noir profond.
Des morceaux de 20, 10 ou 5 grammes sont disponibles à la vente.
Notes de dégustation.
Contrairement aux fermentations contemporaines très poussées, les fermentations des années 1970 étaient légères, fines et subtiles. Elles laissaient une grande place à la post-fermentation naturelle. Ce thé, construit par près de 50 ans de maturation, en est un excellent exemple. Il affiche un caractère qui renvoie aux thés produits avant les années 1950. Ce bloc compact développe une richesse et une profondeur extraordinaires, à un prix encore abordable. Sa complexité est remarquable.
Versées dans une théière préchauffée, les feuilles dégagent un fin parfum, légèrement poivré. Une fois infusées, c’est une odeur typique des très vieux thés : boisée, épicée, avec des touches camphrées, qui nous renvoient instantanément à des arômes de thés de plus de 40 ans d’âge. Sur une base boisée de très vieux thés, s’exprime en outre toute une dimension fruitée et lumineuse, avec ici et là des touches fraîches rappelant la pistache. Un vieux bois gourmand et patiné par le temps, saupoudré d’un fin mélange d’épices. Au palais c’est très rond, chaleureux, lumineux. Et surtout son qi est puissant et profondément apaisant. C’est un thé profond, qui pénètre vraiment corps et esprit dès la première gorgée.
Méthode Gong Fu Cha indispensable : nombreuses infusions possibles de plusieurs secondes chacune en petite théière en terre cuite (terre de Yixing). Rincer les feuilles avec une première infusion de quelques secondes avant d’infuser pour la dégustation.
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